La 6ème édition du forum mondial de l’économie sociale et solidaire a pris fin le samedi 6 mai dernier à Dakar au Sénégal. Une édition qui a connu plus de 6000 participants venus de 260 villes. Comme il est de coutume à la fin de chaque édition annoncer la prochaine ville qui doit abriter l’édition suivante. Et sans surprise, c’est la mairie de Bordeaux en France qui a été retenue à l’unanimité des pays membres pour la 7ème édition, qui aura lieu en 2025. Ce choix a été vivement salué par le maire de Bordeaux qui a soumis la candidature. Il a promis de faire un succès comme celui de Dakar, voire plus.
Lisez ci-dessous son discours, dans lequel il a exprimé sa fierté pour ce choix, mais aussi développé le concept de l’économie sociale et solidaire qui est selon lui est un des moyens mis à la disposition des pays membres pour reprendre le contrôle de la vie de leurs populations et leur avenir :
« …Quelle fierté, quel honneur pour moi d’être ici parmi vous, pour clôturer ce forum Dakar GSEF 2023. Je ne peux commencer mon discours sans souligner comme d’autres, la formidable mobilisation de toute une ville, celle de Dakar pour avoir rendu possible la tenue de cette 6ème édition du forum mondial de l’économie sociale et solidaire. Si vous vous permettez les uns et les autres, nous saluons les premiers participants du forum, de féliciter et de remercier très chaleureusement la ville de Dakar, le gouvernement sénégalais qui ont eu le courage de relever ce magnifique défi qui était l’organisation de cette 6ème édition du forum. Pour ce magnifique événement aujourd’hui nous avons été invités à Dakar lors de l’assemblée générale. Nous tenons à remercier les membres du GSEF qui nous ont aussi marqué leur confiance, Malick Diop disait, pour succéder à Dakar, il faudrait se lever tôt et ça tombe bien, à Bordeaux on se lève tôt ; on se lèvera tôt pour que le succès de la 7ème édition de Bordeaux soit égal à celle de Dakar. Nous saurons être au rendez-vous pour accueillir dans notre belle commune de Bordeaux, cet évènement international qui est devenu désormais incontournable. Bordeaux est une ville singulière, elle a une place à part dans l’histoire de notre pays la France. C’est-à-dire c’est une ville qui sait conjuguer harmonieusement ses diversités, que vous aurez le plaisir de venir voir en 2025.
A l’occasion du forum de Dakar, nous avons entendu les appels des jeunes et des femmes issus des pré-forums jeunes et femmes. Notre forum 2025 s’inscrit dans la continuité, en donnant une place importante aux femmes et aux jeunes dans les problématiques qui vont être traitées de manière transversale. Bordeaux 2025 donnera également au GSEF dans sa diversité une dimension mondiale. Nous avons pu constater ici la formidable mobilisation et le dynamisme de l’économie sociale et solidaire. Nous aurons la responsabilité à Bordeaux lors de la prochaine édition de vous garantir une place de choix afin que vous venez nous bousculer, nous faire réfléchir, nous faire avancer et que vous partagiez avec nous cette incroyable énergie jeune. Cette désignation nous honore, parce que Bordeaux est cette ville qui fait partie des villes qui ont fait le choix d’assumer clairement et vigoureusement le soutien à l’économie sociale et solidaire. Les précédentes éditions sont autant des précurseurs qui nous montreront la voie ; cette désignation nous honore, car elle nous permettra de poursuivre les réflexions engagées depuis le début de ce forum ici à Dakar, des débats nombreux et riches engagés dans un objectif partagé par tout le monde en vue de construire un autre monde, au sens du collectif. Car, nous avons besoin d’un monde plus juste, plus solidaire, plus égalitaire, plus écologie. Et plus de 6.000 personnes au moins sont venues ici à Dakar pour réclamer ensemble cet autre monde.
L’Économie sociale et solidaire a un rôle essentiel à jouer. Ce forum inédit sur le continent africain a su nous rappeler les priorités qui doivent être les nôtres. Je retiens de ce forum que ce nouveau monde doit appartenir d’abord aux jeunes. Nous devons faire confiance aux nouvelles générations, nous devons leur redonner le pouvoir d’agir. Il faut sur le territoire nous donner les moyens d’innover, d’expérimenter et surtout de nous bousculer. Nous devons démontrer à la jeunesse que nous les anciens comprenons les messages qu’ils nous adressent. Et ici à Dakar nous avons été nombreux pour continuer à tracer ensemble le chemin de ce projet collectif, les encouragements avec optimisme et en s’attaquant à la racine des maux de notre planète. Je retiens que ce monde doit également appartenir aux femmes trop souvent discriminées, elles sont empêchées dans l’exercice de leur liberté. Elles sont parmi les premières victimes d’un système économique qui précarise et qui exclut. Notre responsabilité collective est de mettre un terme à cette injustice fondamentale ; les femmes contribuent déjà considérablement au sein des entreprises dans des exploitations agricoles, comme entrepreneuses, mais aussi par le travail domestique non rémunéré. Les femmes sont des forces collectives puissantes pour transformer notre monde à condition que nous nous batillons toutes et tous pour lever les barrières qui se lèvent devant elles et rendent difficiles leur autonomisation. Nous devons nous battre pour atteindre l’égalité réelle, de conditions, de droit, une égalité de droit de rêver à une vie meilleure. Enfin, ce monde doit appartenir aux travailleurs et travailleuses d’hier, d’aujourd’hui et de demain ; à celles et ceux qui dont les économies informelles décident de créer des activités économiques durables mais subissent une grande pauvreté ; à celles et ceux qui sont victimes de l’économie des plates formes et qui subissent une immense précarité ; à celles et ceux qui travaillent chaque jour d’arrache pieds mais qui ne voient que très peu le fruit de leur dur labeur. Nous devrons pour construire un monde solidaire, avoir une juste et équitable répartition des richesses ; nous devons questionner nos systèmes de production de richesses ; nous ne devons plus banaliser la destruction, le pillage des ressources naturelles ; nous devons notamment dans des pays qui ont largement profité des richesses de notre planète depuis des décennies construire un modèle économique respectueuse du vivant dans son ensemble. Il n’y a pas de solutions à tout cela, mais je crois que nous sommes la solution, nous avons la force du nombre et c’est seulement ensemble que nous parviendrons à renverser la tendance ; l’économie sociale et solidaire prend alors tout son sens. Le GSEF est un mode d’organisation collectif, dont les associations, les coopératives, les mutuelles, les groupements d’entraide nous permettent de créer des cadres collectifs de transformations sociales. C’est aussi un modèle économique différent fondé sur la primauté du vivant et non sur l’accaparement des richesses par quelques-uns au détriment des autres. Le GSEF est un projet de société fondé sur la coopération et non pas sur la concurrence dans lequel l’individu à toute sa place dans un cadre collectif partagé et décidé collectivement. Le GSEF est aussi la Démocratie, en entreprise d’abord, dans l’économie ensuite mais aussi partout dans nos territoires avec des initiatives citoyennes. Le GSEF est un des moyens mis à notre disposition pour reprendre le contrôle de nos vies et de notre avenir.
Ce forum a été pour moi, de me rendre pour la première fois à Dakar au Sénégal. J’ai eu l’occasion de visiter l’île de Gorée, j’ai également été à Yenne où j’ai rencontré une coopérative de femmes qui dispose d’un jardin potager, un moment de partage avec ces braves femmes de Yenne ; je suis très touché je vous avoue par votre hospitalité, de votre générosité, j’ai découvert que la ‘’TERANGA’’ n’était plus qu’un mot, c’est une réalité. Nous disons bravo à tous ceux et à toutes celles qui travaillent dans ce projet d’espoir, et nous prenons l’engagement qu’à Bordeaux, nous allons faire la 7ème édition avec sagesse, avec jeunesse et avec prouesse. Vive Dakar 2023 et vive Bordeaux 2025, je vous remercie ».
Propos recueillis par Oumar M’Böh depuis Dakar
+224 622624545