L’interrogatoire du capitaine Moussa Dadis Camara se poursuit ce mardi 13 décembre 2022 devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Puisqu’il a fini son exposé préliminaire hier lundi, la phase des questions et réponses a effectivement démarré. Moussa Dadis Camara a commencé par rappeler qu’il était bel et bien informé de la manifestation des forces vives le 28 septembre 2009. Il ne s’est pas opposé a-t-il expliqué, mais il a voulu du report de la manifestation à cause du symbole que représente la date du 28 septembre. Il n’a pas pu détourner les forces vives de leur objectif malheureusement a regretté l’ancien chef de la junte guinéenne. La manifestation a eu lieu effectivement et il dit en avoir été informé aux environs de 10 heures par son responsable des opérations Joseph Makambo. Aussitôt il a éprouvé le sentiment de sortir du bureau pour aller tenter de calmer les manifestants.
Selon lui, il en a été empêché par des militaires qui étaient autour de lui, comme son aide de camp, le commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba. Après avoir appris que la manifestation a eu lieu, qu’a-t-il fait pour arrêter ce qui se passait au stade ? a interrogé le juge. Comme élément de réponse, il dit n’avoir rien fait au risque pour lui d’entraver les libertés publiques. Pour parler des militaires qui se sont rendus au stade, il cite sans ambages, le nom de Toumba Diakité et celui du colonel Moussa Tiegboro Camara.
Lors de son interrogatoire, le commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba avait attribué des propos au capitaine Moussa Dadis Camara dans lesquels il déclare que le pouvoir est dans la rue, ils vont le regretter, il faut les mater, quand il a appris que la manifestation a dégénéré. L’ancien chef de la junte s’est inscrit en faux ce matin en répondant aux questions du procureur Algassimou Diallo. Dadis est formel. Il dit n’avoir donné l’ordre à qui que ce soit d’aller au stade. Ni à Toumba Diakité ni à Moussa Tiegboro Camara. Pourquoi n’a-t-il pas empêché la continuation des crimes qui se commettaient au stade ? a renchérit le procureur. L’accusé reconnaît qu’il n’a posé aucun acte à ce niveau. Pratiquement, c’était impossible a-t-il ajouté, au risque de compromettre davantage la situation. Toutefois au lendemain du massacre, il dit avoir œuvré pour l’arrestation de ceux qui sont allés au stade, notamment Toumba Diakité, qu’il considère comme le cerveau. Ce dernier ayant compris ce plan, s’est retranché au camp Koundara, a expliqué Moussa Dadis. Le président du CNDD reconnaît qu’il ne pouvait pas du tout arrêter Toumba Diakité, parce qu’il était puissamment armé.
Le CNDD est né après le décès du président Lansana Conté, révèle le capitaine Moussa Dadis Camara. Il était essentiellement composé d’officiers militaires qui l’ont proclamé président, a-t-il rappelé. Il n’y avait pas de structure en tant que telle, le CNDD était coiffé par lui-même a expliqué Moussa Dadis, en répondant aux questions du procureur Algassimou Diallo. Puisque c’était suite à un vote au détriment du général Mamadouba Toto Camara et le général Sékouba Konaté, ces derniers ont été faits premier et deuxième vice-président du CNDD, a-t-il précisé.
Selon lui, s’il y a eu incompréhension entre lui et les forces vives de la nation, c’est par le fait du Pr Alpha Condé qu’il continue de qualifier de rusé et de méchant. Ce dernier alors assoiffé du pouvoir, a voulu de l’élimination des autres leaders à son profit, accuse l’ancien chef de la junte. Il pense que la rupture entre lui et les forces vives de la nation ne découle nullement de sa volonté de vouloir briguer la magistrature.
Les débats se poursuivent.
Ahmed Sékou Camara depuis le Tribunal pour www.lavoixupeuple.info