Par Amadou Dioulde Diallo. On l’aurait appelée Thierno, sans que cela ne réveilla un volcan dormant à cracher des laves de feu. Son turban de Thierno Bibatou aurait eu la reconnaissance et les bénédictions non seulement de Dinguiraye, mais aussi de Nioro (Mali), tout simplement parce que la défunte était l’arrière-petite fille de Saïkou Oumar Foutiyou Tall et de Thierno Djibi Thiam, le fondateur du quartier éponyme à Kindia.
En effet, Hadja Amy Thioye, la mère de Bibatou, est de cette ascendance, tandis que son père, Elhadj Ousmane Bangoura, est originaire de Yolayah à Wonkifong, dans le Soumbouya. Voilà le merveilleux couple dont l’élégance le disputait au charme dans ce Kindia des merveilles et des mondanités, coeur palpitant du sport, des arts et de la culture en Guinée.
Autant dire que lorsqu’on a un père qui s’appelle Ousmane Bangoura qui était une des articulations portantes des activités politiques et de jeunesse à Kindia, avec des noms prestigieux comme Maitre Gadirou Camara, bâtisseurs de chefs-d’œuvre comme les coupes PDG de 1963 et de 1968, le best-seller Concert « Arbre Éternel « , pour ne citer que ceux-ci, on ne peut rester simple femme au foyer.
C’est pourquoi, Bibatou Bangoura embrassa le Basket-ball et fit ses débuts à Labé, dans un environnement favorable avec l’intensité de la pratique et la qualité des pratiquantes toutes générations confondues.
Batouly, Halimatou, les soeurs Samira et Aissatou 4, Amy Touré,et beaucoup plus en football dont les noms de marque sont déjà sur les tablettes sous la férule de Koto Saïkou, dit « Magro », Dialma, et la bande de copains Mamoudou Dramé, Bano Bah « Diste », Sékou Doumbouya, Kader Sangaré, etc.
Comme on le voit, le cadre de Labé est plus qu’enchanteur pour les premiers pas de Bibatou Bangoura en basket dont elle apprivoisera la balle au panier durant toute sa carrière.
Ajoutez-y les nuits voluptueuses des sonorités de l’orchestre fédéral le « Kolima Jazz, avec un certain Pascal Condé au vent, et Sow Bailo (comédien), au vocal.
C’est une véritable lionne des planchers qui va quitter Labé pour Macenta comme pour se rendre à l’école d’un certain Alpha Diallo, dit « Lea », qui y fit ses débuts lorsque son père Elhadj Alimou Koubia, était le Directeur de l’École Normale des Instituteurs de Macenta. Être sous la protection de l’immense forêt de Ziama n’est pas rien pour celle qui a décidé de faire de la balle au panier.
C’est donc une Bibatou tous feus, tous flammes qui va revenir au bercail à Kindia où son physique, sa combativité, sa souplesse, sa détente et son adresse font être d’un apport précieux à l’équipe animée par des talents comme Idyatou Kann et Koumba Diallo.
Cet effectif va être plus percutant avec l’arrivée de Babaen Camara de Mamou, la ville phare du basket-ball Guinéen dont le moule à fabrique, venait de mettre sur le marché des briques comme Oumou Hann et Aye Diouldé Diallo.
Et ce n’est pas tout ! Car, non loin de là, des joueuses de gros calibre avaient fait la renommée de Dalaba (Mabety Touré, Aissata Keita, Aminatou Diallo et Kadiatou Bailo Diallo).
A 55 kilomètres de là, Pita flamboyait avec des basketteuses d’exception (Mame Sylla, Mamatou Bangoura, Aissatou Garankela, Dielo Bah) qui avaient été appelées en équipe nationale.
En réalité, Bibatou Bangoura, qui aimait se mesurer, a eu raison de choisir le basket-ball dont la pratique avait connu un allant extraordinaire dans tout le pays où les filles disputaient le sacre et le règne aux garçons. Les Oumou Diallo, Dousouba Oularé étaient à Gaoual, Taibou Diallo et Oumou Boiro à Koundara, Adams Kouyaté et Fatoumata Keita dite « Tata » à Télimélé. Tiguidanké Bérété à Boké.
Plus loin dans la savane, on retrouvait les Diéné Mansakolon Keita à Kouroussa, Rama Doukouré, Bébé Koivogui, Fadima, les soeurs Mariame,
Kaissa et Marie Louise Mara à Kankan, Bintou Kourouma, Mahawa Camara et Kesso Barry à Kérouané.
Mais, l’artillerie lourde viendra de Beyla dont les basketteuses en véritables Amazones du Konia telles les sofas de l’Almamy Samory, marcheront jusqu’à Conakry pour venir arracher la Coupe PDG. C’était en 1977 avec les soeurs
Mantigne et Makongbé Camara, Massa Kourouma, Fanta Keita, Mahawa kourouma.
Les Gnouma Traoré, Raymonde Tounkara, Oumou Barry, Fatoumata Billy étaient déjà logées à la grande enseigne.
Les rencontres tant au niveau scolaire que fédérales ou nationales étaient régulières et bien suivies.
Bibatou Bangoura s’était faite un nom dans le basket-ball guinéen avant d’épouser Maître Seydouba Kissing Camara, l’actuel Maire de la Commune Urbaine de Boffa. Un homme chaleureux et respectueux qui n’arrive pas à se consoler suite à la perte cruelle de son épouse.
La grande et nombreuse famille de Bibatou Bangoura aussi, au premier plan de laquelle sa grande sœur, l’artiste de la troupe « Pesse »,
Bintou, et son frère aîné, Sékouba Bangoura, ancien Directeur National de la Police.
Décédée lundi dernier aux États- Unis, où elle résidait depuis de longues années, la dépouille de Bibatou Bangoura est attendue le 18 Août prochain à Conakry. L’inhumation est prévue le Dimanche 21 Août à Kissing, le village de son cher époux, à Boffa.
Paix à son âme, amine !
Amadou Dioulde Diallo, Journaliste-historien