Les agents de développement local ‘’ADL’’, disent être confrontés à d’énormes difficultés depuis l’avènement du comité national du rassemblement et pour le développement ‘’CNRD’’. Pour cause, les comptes des collectivités ont été gelés, leur travail arrêté, et depuis lors ils sont sans salaire. Face à cette situation ‘’malheureuse’’ notre rédaction a interrogé Saliou Diallo, agent de développement local de la commune de Matakaou, préfecture de Koubia. Ce dernier s’est exprimé à cœur ouvert sur leur vie actuelle, les démarches effectuées sur le terrain mais aussi les perspectives. Lisez !!!
A la prise du pouvoir par le CNRD, les comptes des collectivités ont été gelés. Quel a été l’impact de cette décision des nouvelles autorités sur votre travail en tant qu’agent de développement local ‘’ADL’’ ?
Comme la plupart des guinéens, je ne m’attendais pas au coup de force du CNRD intervenu le 5 septembre 2021. Mais, il faut le dire ici qu’à chaque fois qu’il y a eu un nouveau préfet dans une localité, il est de coutume pour les ADL de cette préfecture de se présenter au nouveau préfet et d’expliquer leur travail dans le cadre du développement des collectivités de cette juridiction. D’ailleurs, je rappelle que le 1er Gouverneur de Labé avec le CNRD n’a pas manqué de visiter le bureau de l’antenne régionale de l’ANAFIC de Labé pour non seulement une prise de contact, mais aussi magnifier ses efforts sur le terrain.
Pour votre question, ç’a été une surprise générale pour nous que le compte de l’ANAFIC et même ceux des collectivités soient gelés. Mais, il faut aussi reconnaître que dès le 2ème mois qui a suivi ce gel, il nous a été permis de prendre juste nos salaires qui se trouvaient dans les comptes des collectivités. Donc, l’impact négatif ne nous a pas tellement affecté et les activités continuaient avec un rythme normal.
Expliquez-nous le rôle d’un ADL, dans le développement local d’une collectivité.
L’ADL, c’est avant tout le conseiller technique de la commune en matière de développement. Son rôle touche tous les secteurs de développement de sa commune d’intervention. Il joue le rôle d’informations, d’animation, d’impulsion, de suivi de toutes les actions de développement au niveau de la commune, cela en relation avec les services techniques déconcentrés et décentralisés. L’ANAFIC et les autres partenaires de la collectivité que sont les projets, ONG, ressortissants… C’est aussi lui qui favorise l’appropriation des dispositions et outils qui seront mis en place dans le cadre de la mise en œuvre des actions de développement local.
Vous êtes au chômage depuis que les comptes des collectivités ont été gelés, comment arrivez- vous arrivez à joindre les deux bouts ?
Aujourd’hui, ça fait 7 mois que nous n’avons pas de salaire, nous sommes déjà au 8ème mois. J’avoue que notre situation est très critique actuellement. Il est difficile de voir un ADL qui n’a pas de millions de francs guinéens de dettes contractées sur sa tête aujourd’hui. Nous n’arrivons même plus à contracter d’autres dettes parce que les gens n’ont plus confiance en nous. Maintenant, pour joindre les 2 bouts, on fait souvent recours à certains membres de la famille, aux amis de l’extérieur. C’est le moment de rappeler qu’il y’a beaucoup d’ADL qui ont rejoint leurs familles avec leurs femmes et enfants parce que n’arrivant plus à supporter les coûts de la vie (loyers, nourriture, école des enfants…). Nous vivons une période très difficile de notre vie actuellement.
Le processus du dégel des comptes de certaines collectivités a été entamé par le département de la décentralisation, quelle est votre réaction ?
Vous imaginez sur plus de 300 collectivités, c’est pour 27 que l’annonce a été faite et reste à savoir si l’annonce est effective. Et en plus de ce dégel annoncé, si c’est réel il faudrait que les comptes de ces communes respectifs soient alimentés par le fonds national de développement local qu’on dit être disponible dans le compte principal de la direction générale de L’ANAFIC à Conakry.
La direction générale de l’ANAFIC a de nouveaux dirigeants, avez-vous eu des échanges avec cette direction ? Si oui, avez-vous un espoir de pouvoir recommencer vos activités ? Est-ce que vous êtes associés dans les activités de l’ANAFIC ?
D’abord j’insiste sur le fait que depuis janvier nous continuons nos activités sur le terrain. Nos documents (rapports trimestriels, rapports de suivi et évaluation, de budgétisation participative, les DSEL et PDL pour ceux qui les ont réactualisé) sont disponibles dans les collectivités, au niveau préfectoral et aux antennes régionales de L’ANAFIC.
Pour dire vrai, nous ne sommes pas entrés en contact avec la direction générale ou les antennes régionales parce que nous avons toujours estimé qu’ils sont en train d’œuvrer pour que tout rentre dans l’ordre et nous, nous continuons à travailler sur le terrain. Seulement qu’actuellement nous ne pouvons pas être dans les communes avec notre situation difficile.
Nous avons appris que vous comptez vous faire entendre sur votre situation qui a perduré, en quoi faisant où et quand avec quels moyens ?
Dans l’immédiat, nous sommes en train de planifier des rencontres dans les préfectures et chef-lieu des régions administratives afin de définir ensemble les stratégies à adopter face à la situation qui perdure. Déjà, quelques-uns parmi nous qui séjournent à Conakry ont pu rencontrer le mardi 9 Août 2022, le Président du conseil national de la transition CNT, Dr Dansa Kourouma. La situation réelle lui a été expliquée. Nous qui sommes à l’intérieur du pays allons rencontrer nos responsables au niveau régional, ensuite, des délégués par région vont se retrouver à Mamou ou Kindia afin d’approuver le mémorandum final qu’ils vont soumettre à la direction générale à Conakry et même tenter de rencontrer le Président de la République, président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya.
Quelles sont vos attentes avec toutes ces démarches ?
Moi, tout ce que j’attends c’est de dégeler et alimenter les comptes des collectivités et que nos salaires soient payés.
Merci beaucoup
C’est à moi de vous remercier.
Propos recueillis par Oumar M’Böh pour www.lavoixdupeuple.info
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