Le président du conseil national de la transition ‘’CNT’’, Dr Dansa Kourouma en compagnie de certains conseillers nationaux étaient face aux étudiants de l’Université privée, Kofi Annan de Guinée. Objectif, parler des 100 jours de cet organe législatif et répondre aux questions des étudiants. A la phase de la série questions réponses, celle relative à la rédaction de la nouvelle constitution a été posée et le président du CNT a rassuré les étudiants et tout le peuple que : « le nouveau texte qui doit régir la vie sociopolitique de la Guinée va intégrer les aspirations légitimes des Guinéens. Le point de vue de chaque Guinéen compte dans le cadre de l’élaboration de la nouvelle constitution » a-t-il promis.
Après cet engagement et étant un des artisans de la constitution de 2010, le président du CNT Dr Dansa Kourouma a dit ceci : « Tant que les dirigeants du pays considèrent que mettre la main sur la constitution et jurer est un exercice de bluff, nos textes de lois ne seront jamais respectés. Il faut que quand vous jurer sur la constitution de votre pays, devant le peuple et devant Dieu, que vous soyez prêt à donner votre vie pour respecter votre engagement. Ce caractère sacré de la constitution, tant qu’on ne l’impose pas, toutes les constitutions seront changées par des hommes ou des femmes qui dirigeront le pays, ça ce n’est pas la responsabilité du constituant que celui qui a pris l’engagement de respecter et de faire refuse de respecter, c’est plutôt la responsabilité morale de celui qui incarne le pouvoir de respecter et de faire respecter » a-t-il indiqué.
Il fait des propositions pour éviter ‘’les erreurs du passé’’ où le président Alpha Condé qui avait juré sur la constitution a fini par la ‘’violer’’ et ensuite la changer carrément pour un 3ème mandat. « C’est pourquoi selon moi, le principe de moralité parmi les critères de candidatures à l’élection présidentielle qui est considéré comme critère d’exclusion, NON. C’est lui qui est candidat à la fonction de président doit être soumis aux règles les plus strictes de bonne moralité, parce que son honorabilité et l’honorabilité du pays, de la nation dépendent de celui qui exerce ces fonctions nobles. Donc, pour vous dire la vérité, la constitution de 2010, elle réglait la question de durée et le nombre de mandats, c’était clair et verrouiller trois fois par le constituant. (La durée du mandat du président de la République est de 5 ans renouvelable une fois ; nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ou pas ; et que cette disposition ne doit en aucun cas faire objet de révision). C’est notre travail en tant que constituants de verrouiller, de faire notre boulot et en ce moment là on a fait notre travail. Mais quand celui qui dirige ou ceux qui dirigent le pays n’ont pas le même sens de patriotisme que ceux qui ont rédigé la constitution, ça pose un problème. C’est pourquoi le peuple doit se battre pour qu’il soit gouverné par les meilleurs citoyens du pays, qui ont un bon passé, un bon présent et qui ont les capacités intellectuelles, physiques et morales d’agir à leur nom (tonnerres d’applaudissements des étudiants de Kofi ANNAN) » a-t-il invité.
Il poursuit en disant : « mais quand le choix du peuple est biaisé par des considérations communautaires, ethniques, identitaires, bon sang bon Dieu. C’est en Guinée que tu entends certains dire qu’un chrétien ne peut pas être président de la République, c’est faux. N’importe qui qui remplie les conditions de moralités, intellectuelles avec des capacités physiques, quelque soit son ethnie, quelque soit son obédience politique et sa religion doit être choisi par les Guinéens. Parce que tout simplement, il rempli les conditions, pas parce qu’il est issu d’une religion minoritaire ou d’une ethnie minoritaire. C’est le travail du constituant qui permet d’éliminer les facteurs discriminatoires dans la constitution et ce travail là on le fera ensemble avec toutes les composantes de la vie nationale parce que tirant les leçons du passé ».
Un autre étudiant lui a également posé la question sur sa participation dans les deux CNT à savoir en 2010 en tant que secrétaire et en 2022 comme président. Il a répondu en disant : « être témoin de 2010 et être président aujourd’hui, sauf si on n’est pas de bonne foi, sinon c’est un atout parce que nous aurons la capacité de tirer les leçons du passé et de se projeter vers l’avenir. Mais ce que vous devez retenir est que près de 60% des membres du CNT actuel sont des jeunes de moins de 50 ans, quand vous regardez le bureau exécutif près de 60% sont des jeunes. D’abord, on représente la majorité de la population qui est la jeunesse. Ensuite, ce que nous allons faire aujourd’hui, nous allons le retrouver demain devant nous pendant notre vie ; ce n’est pas comme quelqu’un qui a soixante-dix ans ou plus. A 40 ans si vous dotez le pays d’une constitution qui ne répond pas à tes aspirations, pendant votre vie vous allez regardez votre peuple et parfois baissez la tête. C’est pourquoi être jeune c’est une opportunité et un atout, parce que si nous sommes le présent et l’avenir, nous allons faire de tel sorte que le présent soit garanti et l’avenir aussi soit garanti. C’est en cela que nous allons éliminer toutes formes de discrimination et de ségrégation à l’endroit de la jeunesse. Donc, nous devons nous battre pour choisir les meilleurs de notre société pour diriger le pays au niveau de la présidence jusqu’au niveau des chefs de quartiers ; ceux qui ont une bonne moralité et qui ont une bonne vision, ces choix ne doivent pas être influencés. Donc, nous devons avoir un processus électoral intègre qui garantie une compétition politique saine, où l’ethnie n’aura pas la possibilité de déverrouiller ou de dévisser les règles d’organisation des élections. Si on est capable de faire ça dans les textes et dans l’éducation civique, dans la reconfection des mentalités des électeurs, nous allons avoir de très bonnes élections, où le peuple sera libre de choisir les meilleurs. Mais si les règles ne sont pas bien élaborées et bien vulgarisées et que le peuple n’est pas sensibilisé, quand on part aux élections c’est pour donner la voix au plus fort en termes de capacités de corruption de la population. C’est pourquoi sensibiliser la population pendant cette période est un des facteurs de la réussite de la transition. Nous en tant que conseillers nationaux, n’allons pas rester à l’hémicycle et bombarder des lois à la population, mais nous allons faire ces lois ensemble avec la population à laquelle nous allons nous prêter aux questions et critiques pour nous améliorer pour l’avenir » a-t-il conclu.
Oumar M’Böh