Alors que les États-Unis célèbrent ce 4 juillet 2025 leur 249e anniversaire d’indépendance, le monde entier observe encore avec admiration cette révolution réussie, fondée sur des principes universels. À l’heure où de nombreux pays africains peinent à tirer pleinement profit de leur indépendance, l’exemple américain reste d’une grande pertinence.
Une indépendance bâtie sur des idéaux forts
En 1776, treize colonies britanniques d’Amérique du Nord proclament leur séparation de la Couronne britannique. Mais plus qu’un simple acte de rupture, cette indépendance repose sur une vision politique ambitieuse.
Dans leur Déclaration d’indépendance, les pères fondateurs affirment que « tous les hommes sont créés égaux » et disposent de droits inaliénables, dont la liberté et la recherche du bonheur.
Ce texte fondateur deviendra l’une des pierres angulaires de la démocratie moderne, et un exemple pour de nombreux mouvements de libération dans le monde.
Une construction politique stable et durable
Contrairement à de nombreuses anciennes colonies africaines ou asiatiques, les États-Unis ont rapidement mis en place : une constitution unique et toujours en vigueur depuis 1787, des institutions fortes, un équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire), et un leadership visionnaire et structuré.
Cette stabilité a permis à la jeune nation de résister à la guerre civile, aux crises économiques, à l’esclavage et aux tensions sociales, tout en conservant un cap démocratique.
De l’indépendance à la puissance mondiale
Aujourd’hui, les États-Unis sont considérés comme la première puissance mondiale. Une ascension qui s’explique par : une économie solide fondée sur l’innovation, un système éducatif performant, un appareil diplomatique et militaire influent, une culture mondiale dominante (cinéma, technologie, recherche…).
Ils ont transformé leur indépendance politique en puissance stratégique, ce que beaucoup de pays postcoloniaux n’ont pas encore réussi à faire.
Que retenir pour les pays anciennement colonisés ?
La réussite américaine nous interpelle en Afrique. Pourquoi nos indépendances n’ont-elles pas produit les mêmes résultats ?
Voici quelques éléments de réflexion :
1. Des indépendances parfois précipitées : En Afrique, beaucoup d’indépendances ont été obtenues par négociation ou pression, souvent sans préparation institutionnelle.
2. Des élites peu unies ou mal préparées : Là où les États-Unis avaient une élite instruite, stratégique et patriote, de nombreux pays africains ont hérité d’élites divisées, parfois soumises à des logiques ethniques ou personnelles.
3. Des constitutions changeantes : Alors que les Américains n’ont connu qu’une seule constitution depuis plus de deux siècles, certains pays africains, dont la Guinée, en ont modifié plusieurs en quelques décennies, souvent au gré des régimes.
4. Une dépendance économique persistante : Après l’indépendance, plusieurs pays du Sud sont restés sous influence économique des anciennes puissances coloniales, freinant leur souveraineté réelle.
Par ailleurs, quant à la Guinée, indépendante depuis 1958, elle a certes fait figure de pionnière en Afrique, mais n’a pas encore réussi à traduire pleinement son indépendance politique en indépendance institutionnelle, économique et sociale. Depuis 65 ans, le pays a connu plusieurs régimes, avec peu de stabilité constitutionnelle et une gouvernance parfois fragile.
L’exemple des États-Unis doit inviter les africains à repenser le rôle de l’État, la force des institutions, et l’importance d’un projet de société partagé.
Le 4 juillet américain est bien plus qu’une fête nationale. C’est un rappel historique que la liberté est un combat de chaque jour, et que l’indépendance n’a de sens que si elle se traduit par : une gouvernance juste, des institutions solides, un développement inclusif, et une fierté nationale fondée sur des valeurs et non sur des slogans.
À l’image des États-Unis, les pays africains peuvent réussir leur projet national, à condition de croire en leurs capacités, de bâtir sur le long terme, et de rompre définitivement avec les logiques de dépendance, de clientélisme et de division.
Bonne fête d’indépendance aux vaillants peuples américains.
Alpha Oumar Baldé
Analyste politique