En Guinée, l’entrée dans la nouvelle année s’annonce avec beaucoup de préoccupations et d’inquiétudes. L’année de tous les défis pour d’aucuns, de tous les risques pour d’autres et des grands chantiers pour certains, c’est dans ce contexte que les guinéens s’apprêtent à accueillir demain lundi 1er janvier le nouvel an. Loin de moi l’intention d’être trop pessimiste ou passer pour un oiseau de mauvais augure, mais ne pas admettre ou reconnaitre que le pays traverse des moments ardus, c’est de se refuser à l’évidence.
En effet, au moment où ailleurs les populations célèbrent l’entrée dans la nouvelle année, dans l’allégresse et l’enthousiasme, curieusement en Guinée, c’est dans un contexte d’incompréhension préoccupant et inquiétant entre le pouvoir et les forces vives de la Nation notamment que nous abordons le nouvel an.
L’année qui vient de s’écouler a été particulièrement marquée par un climat socio-politique empuanti, des perturbations considérables dans la fourniture en ressources énergétiques, le brouillage des médias, la restriction de l’accès à internet, bref le recul des libertés publiques. Ces différentes situations, si le pouvoir ne les rectifie pas d’urgence, mettraient des familles entières dans la détresse et risquent de ruiner bien de destins.
En ce dernier jour de l’année 2023, je pense, très sincèrement et très affectueusement à la presse guinéenne lourdement affectée par les épreuves de brouillage des ondes des médias. Je pense également au Président Alpha Condé, aux détenus de l’ancien régime qui croupissent à la maison centrale depuis plusieurs mois, sans aucun espoir de voir leur procès se tenir pour être définitivement situé sur leur sort. Je veux parler par-là de l’ancien Président de l’Assemblée nationale, l’honorable Amadou Damaro Camara, de l’ex Premier Ministre Dr Ibrahima Kassory Fofana, de l’ancien ministre de la Défense nationale Dr Mohamed Diané, de Dr Ibrahima Kourouma, de l’ex intendant à la Présidence de la République M. Kabinet Sylla (Bill Gates), de M. Oyé Guilavogui sous soins médicaux en Tunisie. Aux exilés, je leur souhaite bon courage et plein d’abnégation.
Je pense aussi à nos compatriotes sinistrés suite à l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbures de Kaloum ayant fait plusieurs morts, des disparus, de nombreux blessés et des dégâts matériels considérables. Prompt rétablissement à ceux qui sont alités et que la terre de Guinée soit légère aux personnes ayant perdu la vie dans cette tragédie.
Nous voici aujourd’hui au seuil d’une nouvelle année. Les autorités de la Transition devraient profiter de ces moments-ci pour revisiter les deux ans passés et réviser certaines positions. Elles doivent décrisper la situation socio-politique en rétablissant la confiance avec toutes les forces vives de la Nation. Cela permettra à notre patrimoine commun de se projeter, avec confiance et détermination, dans la nouvelle année.
Comparaison n’est certes pas raison, mais si les transitions malienne et burkinabé ont moins de problèmes, c’est parce que les autorités de ces deux pays frères composent avec l’essentiel des acteurs socio-politiques. Il y a visiblement dans ces deux pays une symbiose avec une bonne partie des deux peuples.
En clair, le pouvoir doit sacrifier le sacrifice de l’incompréhension, car il a plus à gagner en rassurant toutes les composantes socio-politiques guinéennes que d’être tout le temps à couteaux tirés avec certaines franges de la population. Une transition réussit lorsqu’elle bénéficie du soutien des forces vives de la Nation.
A toutes et à tous mes meilleurs vœux de santé, de bonheur et de prospérité.
Sayon Mara, Juriste